La date de la Chandeleur est fixe. Elle est fêtée chaque année 40 jours tout ronds après Noël soit le 2 février. Si pour cette occasion on oublie rarement de faire sauter les crêpes, les origines des coutumes culinaires attachées à cette fête restent souvent obscures. Alors, pourquoi faire des crêpes à la Chandeleur ? Levons le voile sur cette pratique qui ravit les gourmands depuis des lustres !
Le jour de la Chandeleur à l’époque romaine : la célébration des Lupercales
Le mot Chandeleur vient du latin candela, qui signifie « chandelle ». Pour comprendre les origines de la Chandeleur, il faut remonter à l’Antiquité et plus précisément à l’époque romaine, bien avant la christianisation de l’empire, lorsque les Romains étaient encore païens. Autour du 15 février étaient célébrées les Lupercales, des fêtes de purification en l’honneur du dieu Pan, qui se déroulaient sur plusieurs jours. Durant la nuit, les dévots parcouraient les rues de Rome torches à la main. Par superstition, ils les disposaient ensuite chez eux pour s’assurer de bonnes récoltes pour l’année à venir. En effet, la date de ces fêtes coïncidait aussi avec la fin de l’année selon le calendrier alors en place. Plus tard, la tradition de la procession aux flambeaux sera remplacée par… la confection de crêpes avec la farine excédentaire de la moisson de l’année écoulée ! Cette tradition perdurera jusqu’au Ve siècle.
Chandeleur et tradition chrétienne
Au Ve siècle, si l’Empire romain est déjà christianisé, les rites païens demeurent encore bien ancrés. Progressivement, ils sont reclassés en fêtes chrétiennes. C’est ainsi qu’en 472, le pape Gélase Ier décide que la fête des chandelles deviendra la célébration de la présentation de l’Enfant Jésus au Temple, quarante jours après la veillée de Noël, et de la purification de la Vierge Marie. Des processions aux chandelles sont organisées et chaque croyant doit rapporter à son domicile des cierges bénis en veillant bien à les conserver allumés pour s’assurer de la fécondité des récoltes futures. Aux pèlerins arrivant à Rome pour les festivités de la Nativité, le pape, en guise de charité, offre des crêpes pour les encourager et les récompenser de leur ferveur.
Manger des crêpes à la Chandeleur s’inscrit alors durablement dans les usages. D’ailleurs suivant un vieux dicton : « si point ne veut de blé charbonneux, mange des crêpes à la Chandeleur ». En d’autres termes, si les paysans ne font pas de crêpes le jour de la Chandeleur, la récolte de blé sera mauvaise à la prochaine saison.
Mais alors, pourquoi faire des crêpes à la Chandeleur ?
Très tôt dans l’Histoire et bien avant l’empreinte chrétienne qui la caractérise désormais, la période de la Chandeleur est associée aux crêpes. En fait, d’une manière universelle dans toutes les croyances, la crêpe symbolise la lumière, la fertilité et l’abondance. Sa forme ronde et sa couleur dorée évoquent le Soleil dont le retour est attendu avec impatience lorsque la saison froide est sur le point de se terminer et que les jours rallongent. Selon la coutume, faire des crêpes à la Chandeleur c’était donc célébrer la fin de l’hiver et l’arrivée prochaine des beaux jours et avec eux, l’espoir de moissons prospères. D’ailleurs, pour s’en assurer, mieux valait faire sauter la première avec une pièce d’or dans la main droite.
Aujourd’hui, à la maison ou en entreprise, la tradition de manger des crêpes pour la Chandeleur perdure pour le plus grand bonheur des gourmands de tous âges. Et finalement, la signification de cette pratique importe peu. Seul compte vraiment le plaisir de se régaler et de se retrouver en famille autour de crêpes savoureuses pour un moment régressif totalement assumé et convivial !